C’est vraiment parce que je n’ai pas envie d’utiliser le terme, en tout cas dans le titre, que j’ai fait ce jeu de mots (à deux balles, on est d’accord).
Une collègue m’avait bien dit “pourquoi tu n’écris pas cette expérience ?” et moi ça me disait bien en fait sauf qu’à lire les billets d’autres nez-finis-cons et s’apercevoir qu’ils tournaient en boucle, tous plus ou moins à la longue, je n’en étais plus si sûr.
Elle avait quand même raison la collègue, écrire tous les jours certainement pas mais à chaque étape, pourquoi pas.
… avons-nous donc atteint une étape ?
Ça c’est la question qui tue. Remarque je n’écris pas “avons-nous atteint le pic ?” parce qu’à la lecture des derniers chiffres (on en est encore aux alentours de 800-1000 morts/jour) on n’y est pas encore (loin s’en faut ?). C’est quand même une étape parce qu’après 4 semaines de confinement une certaine routine s’est installée. Tant du point de vue travail (j’y reviendrai) que du point de vue logistique, sociale (avec les amis, la famille), … Beaucoup de choses ont dû être adaptées, les choses qui m’entourent comme moi-même.
- J’ai sincèrement eu peur dans les premiers temps. Signe qui ne trompe pas je me suis pris un lumbago tel que je sentais bien qu’il ne passerait pas sans les mains magiques d’unostéopathe. Détail amusant, pendant ma visite, il me répétait combien nous étions bien préparés, que l’agenda de notre confinement était bien posé (ni trop tôt et surtout pas trop tard). Je lui ai quand même glissé que si on nous promettait un maximum de 2000 morts, nous l’achèterions (ce à quoi il n’a rien répondu); nous en sommes, au 11/04, à 10000+ …
- Autre son de cloche, le lendemain (ça devait être le mardi 24/03), chez mon médecin pour le renouvellement de ma prescription. “On parle de 300000 morts quand même, qu’il faudra peut-être arriver à un confinement total avec intervention de l’armée et que les propriétaires d’animaux familiers devront leur faire faire les besoins dans la baignoire“… Qui de nous deux avait le plus les boules?
- Passage par la pharmacie (à l’angle de la rue porte de Lyon et l’avenue Nicéphore Nièpce) où là les mesures de distance entre clients étaient bien mises en place, gants et masques faciaux posés. La prescription est donnée pour 3 mois maximum, renouvelable une fois. “Vous reviendrez donc fin mai; d’ici là tout sera revenu à la normale“. Vous voulez parier madame ?
- Courses au Carrefour market rue au Change. Nous étions en milieu d’après-midi, je n’allais pas retourner au boulot si ce n’est pour récupérer un écran supplémentaire. Personne n’y portait de masque mais le magasin était quasiment vide et le personnel s’occupait à poser au sol les repères distants du fameux mètre de barrière sociale (gentille périphrase, légèrement oxymorique).
- Depuis je fais les courses chaque vendredi matin, dès 08:00 et je ne sors quasiment plus de la semaine (si ce n’est pour des visites hebdo d’un chantier que je suis). Télétravail le reste (c’est à dire la majeure partie) du temps.
Le télétravail alors, comment ça se passe ?
Ça se passe. Déjà mieux que ce que j’espérais même si ça n’est pas la folle passion. J’arrive à me tenir à un horaire et à ne pas trop me disperser (même si à quelques pauses de midi je me suis surpris à traîner un peu plus que nécessaire).
- Course dès le matin pour choper une place (parce qu’évidemment, il y a moins que VPN disponibles que de télétravailleurs), que l’on peut plus ou moins espérer garder entre 3 heures et 10 heures maximum. Ça donne une plage horaire raisonnable sinon confortable; l’employé lambda (moi en l’occurrence) n’a pas à se plaindre que ses droits à la déconnexion soient bafoués 🙂
- Petit déjeuner, douche, connexion le tout dans le désordre. Puis c’est la gestion des emails et des notifications de réunions ou de documents à voir. Le train-train habituel pas vraiment différents de l’activité en temps normal. Pause déjeuner, car il faut bien se sustenter (souci en ce qui me concerne, je déjeune tout le temps à l’extérieur alors faire la cuisine …) puis reprise pour quelques heures encore.
- J’espérais que ce confinement qui dure allait nous donner la possibilité de revoir nos processus (puisque déjà nous ne nous voyons pas si ce n’est via skype [et encore, dans un souci d’économie de la bande passante nous n’utilisons bien souvent que l’audio]) mais … finalement non. Nous fonctionnons en mode dégradé puisqu’à distance mais ça convient quand même. C’en est à hurler. Que l’on ne se pose même pas la question de l’amélioration de nos processus nous qui travaillons dans ZE département sensé le prôner et le réclamer de tous les autres ça interroge. Ça m’interroge.
- J’ai bien fondé des espoirs d’originalité dans un autre département mais là encore le hiérarchique bloque. Ce n’est pas qu’il fait barrage mais, ce sont ses termes, il n’est pas ‘geek’. Il n’est surtout pas curieux.
- Mais j’ai besoin de projets, de me projeter à 6 mois, 1 ans voire plus. J’ai besoin d’une perspective, aussi plutôt que de sécher sur place je m’en crée. Puisque ce que je propose n’a pas l’heur de plaire et ne trouve pas écho, je me les applique à moi-même; ça contribue en quelque sorte à mon… épanouissement (c’est assez dérisoire).
- Depuis pas mal de temps déjà la planification me trotte dans la tête; sans en faire ma profession j’en ajoute donc une dose toutes les fois qu’il est possible. Tous mes projets passent à la moulinette MS Project. Certes c’est un peu plus de temps dédié à des tâches périphériques mais je pense le ticket gagnant à termes.
- Grande nouvelle, nous avons un Wiki (un vrai, qui utilise le même ‘moteur’ que Wikipédia) ! 14 ans que j’attends ça. Une paille. Depuis mes années en Finlande en fait. Autant d’années que j’évangélise et que je me prends des regards qui rigolards qui indifférents. Il y avait bien eu une tentative du temps où j’étais dans la manche mais elle avait fait long feu. Cette fois-ci la pérennité est assurée, une grosse huile dans le premier râteau juste en dessous de P-DG en est le sponsor. Il faut croire que nous n’avions pas tapé ni assez haut ni assez fort jusque là. Est-ce que ça vaut la peine de s’y investir, that’s the question ?
Et à part ça ? La famille, les amis,… ?
- Maman va bien, aussi bien qu’elle puisse aller étant données ses petites misères de santé d’il y a deux ans dont elle ne s’est pas vraiment complètement remise. Combien de temps encore, sachant que son compagnon ne se fait plus tout jeune et qu’à leur âge, s’ils chopent cette merde de Covid-19, tout peut aller très vite? Leur chance: habiter en Penn-ar- Bed, en Bretagne qui semble (pour combien de temps encore?) relativement épargnée si l’on considère les chiffres du grand Est en perspective.
- Nous faisons une utilisation relativement soutenue de Whatsapp, famille, amis, membres de l’association¹ (avec les collègues aussi, mais par son utilisation on vise d’autres objectifs – qui restent à définir on y réfléchissant bien) . C’est un pis-aller en ces temps de confinement. Je n’imagine même pas comment les choses se passeraient sans ces applications. Comme j’imagine encore moins comment les choses se passeraient sans toutes les ‘petites mains’ à qui il a été demandé (ordonné ?) de continuer de travailler : personnel de magasin d’alimentation, livreurs, routiers (dont on dit qu’ils rencontrent des difficultés à se nourrir, un comble), éboueurs,… Sans eux nous ferions certainement moins les malins derrières nos ordinateurs.
Il se trouve que le président Macron va faire une discours aujourd’hui. Discours très attendu; il joue certainement sa réélection. Pour l’instant, mis à part quelques petits succès (qu’il faut quand même bien chercher s’il l’on souhaite lui donner un peu de crédit), il faut dire que la partie sanitaire a été un fiasco quasiment total. Si les hôpitaux tiennent encore – eux qui hasard du calendrier s’étaient manifestés fin 2019 pour réclamer plus de moyens – je doute que le gouvernement y soit pour grand chose. Manque de masques, de gel hydroalcoolique, de gants, de lits pour les soins intensifs, … À elle seule la gestion des masques (après une pandémie antérieure, similaire à celle-ci, en prévision de laquelle une provision importante avait été effectuée; stock disparu et plus renouvelé depuis) mérite un procès; c’est l’exemple même d’une incurie totale, à tous les niveaux de l’appareil de l’état. Ignorent-ils que gouverner c’est prévoir ? Il n’est que de constater le bilan éloquent, après 1 mois, entre les pays du sud (auxquels est associée la Grande-Bretagne qui ne semble pas en meilleure position) et l’Allemagne (encore une fois) sans parler des pays comme la Corée du Sud ou le Japon.
Prochaine étape : le déconfinement
- La manière de procéder entraînera soit un redémarrage de l’épidémie (scénario du pire) soit un redémarrage de l’économie (on se doute quand même que là encore il y aura de la casse). Quoi qu’il en soit, E.Macron n’a pas 2 ans pour se refaire.
- Il existe un rendez-vous qui semble être parti sur une base hebdomadaire. Comme tout le monde, ceux qui s’y expriment utilisent les moyens du bord – amusant à cet égard de les voir dans des habits de tous les jours, dans leur intérieur avec, parfois, un animal domestique qui se passe par là, un enfant qui réclame le parent,… – et, détail autrement plus important, ils ne s’interrompent pas, ils ne s’invectivent pas, ils ne montent pas de ton. Changement radical par rapport à Pascal Praud (le nom n’est pas tout à fait un hasard). Cf. l’Émission du 10/03/2020 pour s’en faire une idée.
J’ai à peu près fait le tour de la question. Rendez-vous à la prochaine étape ?
¹ : Inspire Exprime